Après sa résidence de 3 mois à Paris, organisée par l'Institut français au Soudan, l'artiste soudanais revient avec une nouvelle collection de sculptures qui est exposée à la galerie de l'Institut français du 1er au 29 août 2021!

Adlan Yousif est né à Alfashir, la capitale du Nord Darfour en 1992. Dès son plus jeune âge, Adlan a montré une forte relation avec les arts, que ce soit la musique ou le dessin. Contrairement à la répression à laquelle sont confrontés de nombreux artistes soudanais de la part de leurs communautés, Adlan a bénéficié d'un grand soutien familial pour ses centres d’intérêt.

"Je me souviens que lorsque j'ai commencé à m'intéresser aux voitures et à aider dans les ateliers de mécanique, les gens autour de moi ont commencé à me dire de poursuivre une carrière d'ingénieur. C'est mon père qui m'a encouragé à choisir l'art comme profession."

 

Adlan considère le métal comme un moyen d'expression organique, ce qui conféré à ses sculptures une dimension humaine et poétique à la fois. Pendant ses années d'université à l'Université soudanaise des sciences et de la technologie, où il étudiait les arts et se spécialisait dans la sculpture, il a été confronté à de nombreuses opinions contradictoires sur l'utilisation du fer pour créer des sculptures. Dans le monde des sculpteurs, la fluidité et la vitalité sont très appréciées dans une œuvre, et l'utilisation du fer était considérée comme plutôt étrange et inexpressive.

 

"Le métal est un matériau largement utilisé pour la violence, je l'utilise pour construire des choses et raconter une histoire".

Dans ses œuvres, Adlan utilise souvent des douilles de balles et la ferraille de voitures abandonnées. Une bougie d'allumage est transformée en mollet. Un piston hydraulique devient une jambe. Des fils et des tiges sont transformés en veines et en muscles et un pot d'échappement de voiture en sac à dos.

Les personnages qu'il crée ont généralement une jambe ou une main en moins, ce qui oblige le spectateur à se sentir mal à l'aise et à éprouver un sentiment d'agonie.

"Je ne fais que raconter les histoires de mon peuple, de ce qu'il a vécu. Mes œuvres ne sont ni porteuses d'un discours, ni d'un agenda politique."

L'inspiration des œuvres d'Adlan remonte à son enfance ; il déménageait avec sa famille d'une ville à l'autre dans la région du Darfour. En 2003, le Darfour, dans l'ouest du Soudan, est devenu une zone de guerre entre les groupes rebelles et le gouvernement oppressif de l'époque. La guerre a été à l'origine de nombreuses pertes de vies humaines, de la perte de membres et du déplacement de milliers d'habitants de la région.

 

En 2019, le Soudan a connu une grande révolution appelant à la paix, à la justice et à l'égalité. Le sit-in organisé en avril 2019 a été un lieu de rassemblement pour les diverses communautés du Soudan, y compris les victimes du Darfour. L'un des chants très célèbres du sit-in est "Toute la nation est le Darfour", illustrant comment les autres parties de la vaste nation sont en solitude avec le peuple du Darfour.

 

"Il y a beaucoup de personnes souffrantes et agonisantes dans ce pays. Beaucoup ont été épuisés par l'injustice et beaucoup ont décidé de simplement partir."


Dans l'exposition <Transformations>, de nombreuses œuvres mettent en scène des personnages qui portent ou tiennent un sac jaune. C'est ainsi qu'Adlan a abordé le thème de la migration et des réfugiés soudanais. "Le jaune est une couleur utilisée pour véhiculer la négligence dans ma communauté. Mais c'est aussi une couleur d'espoir et d'optimisme".

 

"Adlan est un artiste d’un immense talent, que l’Institut soutient depuis de nombreuses années. Son expérience internationale ne fait que commencer ! Son humilité, son empathie, sa passion, sa technique, son goût d’apprendre sont des qualités qui le prédestine à une très grande carrière."

Fabrice Mongiat, directeur de l'Institut français.

 

L'exposition d'Adlan se tiendra à la galerie de l'Institut français du 1er au 29 août 2021.

Écrit par Rahiem Shadad.